MERCREDI 27 MAI 2020
Le monde d'avant... mais en pire
Voka, UCM, UWE, FEB…
Ces derniers jours, c’est tout le banc patronal qui surfe sur la crise pour tenter d’accentuer la précarisation du marché du travail et de diminuer la contribution sociale et fiscale des entreprises.
Un patronat décomplexé, ça ose tout !
Depuis deux mois, des centaines de milliers de travailleuses et travailleurs ont été mis – partiellement ou complètement – au chômage temporaire, subissant de très lourdes pertes de revenus. Des millions d’autres ont littéralement risqué leur vie pour assurer les productions et services essentiels nous permettant de faire face à la pandémie. Aujourd’hui, les fédérations patronales revendiquent, sans honte, de pouvoir les licencier plus facilement, reporter leurs congés, les faire travailler de nuit et en heures supplémentaires sans aucune compensation… Drôle de manière de dire merci.
Tout cela, assurent-elles, n’est demandé qu’à titre « urgent » et « temporaire ». Mais la définition patronale du « temporaire » est souvent floue. Si ces mesures devaient être adoptées, il y a fort à parier que les fédérations patronales demanderaient leur prolongation lors du prochain accord interprofessionnel (AIP). Quant à l’urgence, elle s’applique, selon elles, à la diminution des contributions sociales et fiscales des entreprises mais pas au refinancement de la sécurité sociale. Drôle de sens des priorités.
Une sécurité sociale dont certaines entreprises – ne citons que C.P. Bourg ou Torfs – abusent pourtant pour licencier à moindre coût, en faisant couvrir le préavis par du chômage temporaire Covid-19. Quand la FGTB dénonce ces pratiques, l’UCM l’accuse de procès d’intention et de dogmatisme. Et, quand des parlementaires déposent une proposition de loi pour contrer ces abus, son président trouve cela « abject ». Drôle d’échelle de valeurs.
Le patronat ne veut manifestement pas tirer les leçons de cette crise. Si on le laisse faire, son monde d’après ressemblera, pour paraphraser Michel Houellebecq, au même que celui d’avant mais en « encore un peu pire ». Ce monde-là, les citoyennes et citoyens, qui démontrent chaque jour l’importance de la solidarité, n’en veulent pas. Et la FGTB sera à leurs côtés pour s’y opposer. Pour construire avec elles, avec eux, un monde d’après fondé non pas sur l’égoïsme et le profit mais sur la justice sociale et le bien commun.