Jeudi 30 mai 2024
Tout ce qui n’a encore jamais été dit sur les jobs étudiants

Les jobs étudiants sont souvent présentés comme un moyen de gagner de l’argent de poche pendant l’été. Une étude des Jeunes FGTB démontre tout le contraire. Elle retrace l’évolution des effectifs de jobistes, les secteurs et types d’employeurs concernés.

Depuis 2006, le régime des contrats d’occupation d’étudiant permet aux jobistes de travailler tout au long de l’année. En l’espace de 18 ans, ce statut a connu de nombreuses réformes pour rendre le travail des « jobistes » toujours plus flexible.

L’évolution du nombre d’étudiantes et étudiants travaillant durant les mois de janvier, février et mars est particulièrement inquiétante. En 2023, 393.330 jeunes aux études ont travaillé au cours du premier trimestre contre 36.122 en 2006. Les effectifs ont été multipliés par 10,8.

Depuis 5 ans, le nombre d’étudiantes et étudiants travaillant les quatre trimestres de l’année a dépassé le nombre de celles et ceux travaillant uniquement durant l’été. La part de jobistes travaillant uniquement pour remplacer des travailleurs et travailleuses en vacances devient donc marginale et n’occupe plus sa fonction initiale. En 2022, 166.917 jobistes ont travaillé les 4 trimestres contre 109.461 uniquement en été.

D’autres évolutions au niveau des secteurs d’activités sont à observer : la hausse du nombre du nombre de jobistes dans l’Horeca a presque triplé en l’espace de 10 ans. Les effectifs passent de 71.049 en 2012 à 205.549 jobistes en 2022.

En 2022, le manque à gagner annuel pour la Sécurité sociale peut être évalué à près de 413 millions d’euros en raison du régime de cotisations réduites. Du point de vue de l’assurance sociale, le contrat d’occupation d’étudiant est un mécanisme “perdant-perdant” : la collectivité ne perçoit pas les cotisations qu’elle devrait, et les jobistes ne bénéficient pas de revenus de remplacement en cas de besoin.

Pour les Jeunes FGTB, les différentes réformes ont accompagné la précarisation croissante des étudiantes et étudiants. La flexibilisation de leurs contrats a servi d’alibi pour couvrir le manque d’ambition des politiques sociales. À la veille des élections régionales, fédérales et européennes, la hausse des inégalités devrait être au cœur des préoccupations.