MERCREDI 23 FÉVRIER 2022
Semaine de 4 jours : 32 heures sinon rien !
La semaine dernière, le gouvernement fédéral s’est accordé sur une réforme du marché du travail. Parmi toutes les mesures envisagées par la Vivaldi, la nouvelle flexibilité du travail (4 jours par semaines avec des journées de 9h30 ou 10h) est particulièrement inacceptable pour la FGTB wallonne.
Sous prétexte de la situation sanitaire, ce nouveau job deal profitera massivement au patronat qui pourra bénéficier d’une main d’œuvre toujours plus flexible et exploitable…
La semaine de 4 jours « Canada dry »
Elle en a l’apparence. Elle en a la couleur. Mais la semaine de 4 jours version « Vivaldi » est tout le contraire d’une réduction collective du temps de travail.
Au lieu de dégager du temps libre en réduisant et en partageant collectivement le temps de travail, au lieu de permettre de créer de l’emploi, c’est une compression du temps de travail que le gouvernement fédéral tente d’instaurer.
Alors que la souffrance au travail, le stress et le burn-out se généralisent, la semaine de 4 jours version Vivaldi ne ferait qu’augmenter la pression sur les travailleuses et travailleurs qui devraient faire des journées plus longues, de 9h30 ou de 10h….
Les personnes qui travaillent dans des secteurs déjà soumis à ce type d’organisation du travail, le secteur hospitalier par exemple, sont épuisées par ce rythme. Ces secteurs ont de plus en plus de mal à recruter tant les conditions sont pénibles…
La Grande Régression
Alors que certain·e·s voudraient nous vendre cette réforme comme un progrès, il s’agit en réalité d’une régression majeure pour le monde du travail. Une régression qui revient sur une conquête fondamentale du mouvement ouvrier, la journée de 8 heures obtenue en 1921 après des décennies de combat… Inacceptable !
Parler d’une semaine de 4 jours sur base volontaire est une ineptie totalement éloignée de la réalité du monde de l’entreprise. Qui peut en effet croire que les travailleurs·euse·s ne seront pas mis sous pression par leurs employeurs ? Pression pour travailler de manière toujours plus intense, pression à la flexibilité et au surtravail… Qui peut penser que les entreprises abandonneront leur objectif de maximisation des profits ? Ainsi, la « semaine de 4 jours » telle que vantée par la Vivaldi pousserait encore davantage à l’individualisation des relations de travail, avec toutes les dérives que cela peut entrainer…
Quant au travail de nuit (entre 20h et minuit dans l’e-commerce) voulu par la FEB, il pourra être mis en place avec l’accord d’un seul syndicat dans l’entreprise. Pour le patronat et les actionnaires c’est bingo ! Ce sont donc les syndicats les moins combatifs qui seront privilégiés dans le processus… La FGTB, pour qui la défense des intérêts des travailleurs et travailleuses est primordiale, risque par contre des tentatives de marginalisation.
A travers ce mauvais deal pour l’emploi, le gouvernement fédéral ne se contente pas d’écouter les revendications du patronat, il joue également contre les syndicats, et donc contre les travailleurs et travailleuses.
Avec cette nouvelle réforme du marché du travail, les employeurs jubilent. Le gouvernement se veut moderne et prétend répondre aux mutations du marché du travail. En réalité il n’a que faire du bien-être des travailleurs et travailleuses, préférant maximiser les profits des entreprises…
32 heures sinon rien !
Pour la FGTB wallonne, la véritable réduction collective du temps de travail est celle qui permet des journées plus courtes, avec maintien du salaire et embauche compensatoire.
C’est celle qui est négociée dans les secteurs pour tenir compte des réalités de terrain et des aspirations légitime d’un nombre croissant de salarié·e·s.
C’est celle qui soulagera celles et ceux qui ont déjà un boulot pour mieux concilier vie professionnelle et privée, pour libérer du temps libre afin de permettre à chacun·e de vivre mieux.
C’est celle qui partagera le travail avec celles et ceux qui en sont privés ou qui aimeraient sortir de la spirale du temps partiel et de l’emploi précaire.
C’est celle qui permettra à la Wallonie d’augmenter son taux d’emploi, de réduire l’écart avec la Flandre et donc, de faire taire certains discours séparatistes.
C’est enfin celle qui répartira la richesse entre le capital et le travail alors que les gains de productivité n’ont jamais été aussi importants…
Un équilibre est tout à fait possible entre création de valeur économique, création de valeur sociale, et respect des enjeux climatiques. Mais pour cela il faut trouver un meilleur équilibre entre le travail et le capital, et certainement pas revenir sur une conquête historique des travailleuses et des travailleurs.