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Wallonie : les clés du changement

L’impuissance consentie des Etats et les nouvelles responsabilités des Régions

Depuis 2008, les économistes et autres observateurs nous abreuvent d’analyses qui aboutissent toutes à la même conclusion : l’austérité ne résout pas la crise, elle l’aggrave. Lors de notre Congrès de 2010, nous avions déjà posé des constats qui n’ont fait que se confirmer au fil du temps. Nous avions également pris le contre-pied des logiques austéritaires en proposant, dans nos orientations, de changer d’angle : faire des solidarités un moteur de développement socio-économique et remettre l’économie au service de la collectivité. La répartition des richesses restant à la fois le nœud et la solution du problème.

Ne tournons pas autour du pot : les travailleurs paient la crise au prix fort. L’appauvrissement de milliers de familles est palpable suite aux pertes et destructions d’emplois. Les réformes du chômage et des pensions, d’une part, et les réductions de dépenses dans les services publics d’autre part, affectent ou affecteront la même frange de la population. D’autres s’en sortent haut la main, continuant à spéculer en toute impunité sur les dettes publiques, les matières premières ou l’immobilier.

L’ampleur de la débâcle financière aurait pu nous laisser penser que cette forme de capitalisme était morte mais elle reprend, au contraire, de la vigueur. Que sont devenues les promesses de changement radical ? De régulation drastique ? Battues en brèche, ravalées, enfouies… ou bien suivies de mesures trop timides pour prétendre à la moindre inversion de tendance.

Le texte que vous pourrez découvrir ci-après s’inscrit dans la lignée du précédent : nos positions sur la réduction collective du temps de travail, la régulation du capital, l’économie durable, la marge actionnariale… restent d’une brûlante actualité.

Anticipant la sixième réforme de l’Etat qui élargit considérablement le champ décisionnel des Régions, nous avons construit des orientations qui permettront de résorber structurellement les inégalités en Wallonie. Malgré les contraintes budgétaires imposées, des choix politiques peuvent influencer de manière positive et assez rapidement la qualité de vie des citoyens. Des mesures adaptées aux besoins et à la réalité socioéconomique de la Région sont indispensables en matière d’enseignement, d’économie, d’emploi, de politiques sociales, d’environnement.

La dynamique du plan Marshall doit pleinement intégrer le rôle que les services publics ont à jouer. Un pouvoir public qui doit retrouver ses lettres de noblesse. Le contexte et les défis imminents nous obligent à penser un nouveau pôle stratégique pour la Région, générateur d’emplois non délocalisables : un pôle de services à la personne qui réponde, par exemple, au vieillissement ou au manque de places d’accueil pour les enfants. Dans l’objectif majeur de réduire les inégalités sociales, il est primordial que ces secteurs d’activité soient développés par le service public ou le secteur de l’économie sociale. Nous lançons également un appel au gouvernement wallon pour qu’il protège l’emploi de la concurrence déloyale ou de la délocalisation. Le dumping social est un fléau pour les travailleurs. Et le mot protectionnisme doit cesser d’être tabou dans la mesure où il s’accompagnerait d’incitants au progrès social dans d’autres pays (protectionnisme social).

La FGTB wallonne est soucieuse et respectueuse des revendications portées par la Communauté germanophone quant aux compétences qui lui sont transférées. Certaines de celles-ci ont un caractère régional. Nous prenons donc acte de la volonté politique de cette Communauté de se présenter à l’avenir comme une « quatrième Région » dans l’architecture fédérale de la Belgique. Beaucoup de nos orientations ne concernent pas cette partie du pays qui est pleinement compétente et autonome dans les mêmes domaines.

Comprendre, négocier, agir… à tous les niveaux

La « gouvernance économique européenne » et ses experts empiètent sur les compétences des gouvernements démocratiquement élus, aussi cruciales que les budgets des Etats membres. Les traités européens, dont les dispositions touchent de près la vie quotidienne des gens (alimentation, santé, vie privée…), se négocient actuellement dans une opacité totale. Des directives organisent légalement le dumping social dans divers secteurs d’activités. Rien, pour l’instant, n’incite les travailleurs à croire en l’Europe. La méfiance par rapport au projet européen, voire son rejet, a donné lieu à une percée de partis eurosceptiques et d’extrême droite lors du scrutin européen du 25 mai dernier. Ce signal est à prendre très au sérieux par toutes les organisations qui œuvrent à la démocratie.

L’organisation syndicale doit remédier au sentiment d’insécurité qui divise les travailleurs et réinventer des nouvelles formes de luttes dans les entreprises et par-delà les frontières. Cette action syndicale continuera de s’appuyer sur l’éducation permanente et la formation interprofessionnelle des délégués. Dans cette optique, la FGTB wallonne, avec le CEPAG et des partenaires du monde académique, a mis en place un cycle de formation qui donne accès à un certificat universitaire.

Convaincue que pour réagir à la situation présente, il faut comprendre d’où viennent les décisions et quels intérêts elles servent, la FGTB wallonne met un point d’honneur à ouvrir le champ de la réflexion aux enjeux européens et internationaux. Cette ouverture lui permet de rayonner à l’extérieur de la sphère syndicale et d’être à la pointe sur des thèmes comme le Traité budgétaire européen, l’audit citoyen de la dette publique, les négociations pour un Traité transatlantique…

Parallèlement à cette fonction d’éducation permanente des travailleurs et des délégués, notre double rôle d’interlocuteur social et de contre-pouvoir en Wallonie n’a peut-être jamais été aussi important. Notre action est ancrée dans la gestion des aspects concrets et quotidiens des travailleurs et travailleuses : accompagnement des demandeurs d’emploi, formation, allocations familiales, aides à l’emploi, logement, énergie, soins de santé, maisons de repos…

Nous refusons que les Etats soient régulièrement contraints à un aveu d’impuissance face à l’Europe. Mais nous pouvons dès maintenant être acteurs d’un changement impulsé depuis les communes et les Régions. Cela impliquera des résistances au niveau local, des parades à l’austérité, un rapport de force syndical et citoyen et de la concertation sociale. En Wallonie, les clés du changement se trouvent aussi dans la capacité qu’aura la Région à recréer des biens communs là où ils ont été déconstruits par trente ans de libéralisme. Et dépendra de la volonté qu’aura la Wallonie de mettre ses nouvelles compétences au service d’un projet qui fédère toutes les composantes de sa population.

Note : Wallonie – les clés du changement