NOVEMBRE 2007
Les 3 piliers de la marchandisation des pensions

La capitalisation à l’assaut de la répartition !

En 1994, la Banque mondiale énonce pour la première fois une théorie des pensions fondée sur trois piliers. Reprise par l’OCDE et l’Union européenne, elle est construite à partir du présupposé que le vieillissement de la population rendra impossible le financement, au sein de la sécurité sociale, des régimes légaux de pension basés sur le principe de la répartition.

La démonstration est simple : les pensions des pensionnés d’aujourd’hui sont financées avec l’argent provenant des cotisations sociales que les travailleurs actifs versent à la sécurité sociale. Or, en raison notamment du «papy boom», il y a de moins en moins de travailleurs en âge de travailler et de plus en plus de pensionnés. Cette évolution démographique, qui s’accentue, menacerait la viabilité financière des régimes légaux de pension.

Face à ce constat, la théorie des 3 piliers de pension met en avant la nécessité pour les travailleurs de compléter la pension légale par une pension complémentaire constituée à titre privé au cours de la vie active dans des systèmes de capitalisation (Fonds de pension, assurances de groupe, épargnes individuelles et assurances-vie). Cette approche relève d’une vision idéologique d’autant plus dangereuse qu’elle procède d’une grande cohérence interne. Elle s’appuie sur une conception du vieillissement de la population systématiquement présenté comme une catastrophe économique alors qu’il est d’abord le fruit d’une amélioration générale des conditions de vie et de travail pour laquelle les travailleurs se sont battus.

Elle vise en réalité 2 objectifs :

  • Drainer l’épargne populaire vers des sociétés privées et injecter des capitaux frais sur les marchés et dans le circuit économique.
  • Réduire les pensions légales du 1er pilier à une pension minimum de base. De manière à effectivement encourager cette épargne et, incidemment, à remettre en cause, à travers le secteur des pensions, un des fondements mêmes de la sécurité sociale qui est de répartir/ redistribuer une partie de la richesse produite par les travailleurs (de 15 à 17% du PIB passe par elle…) pour financer la solidarité entre ceux-ci et les pensionnés, les travailleurs sans emploi, en incapacité de travail et invalides.

L’ambition de cette brochure est de démonter ces mécanismes qui sont à l’œuvre dans la théorie des 3 piliers de pension et qui remettent en question les principes de base de la sécurité sociale. Cette brochure propose également des arguments à ceux qui veulent sauvegarder et défendre la sécurité sociale, cette formidable conquête du mouvement ouvrier qui date du lendemain de la 2ème guerre mondiale.

Image Les 3 piliers de la marchandisation des pensions