Jeudi 23 JUIN 2022
Métiers en pénurie : qui manque de motivation ?
Mercredi, le FOREM a rendu publique la liste des 59 fonctions en tension et des 82 métiers en pénurie. La construction et le transport – secteurs qui ont massivement licencié ces dernières années, pour pratiquer la sous-traitance et le dumping social – font partie des secteurs les plus touchés.
Si le phénomène ne peut être nié, il est cependant interpellant que le FOREM ne pointe à l’origine de celui-ci qu’un déficit de formation ou de motivation des personnes privées d’emploi. Car, à y regarder de plus près, ce ne sont pas les sans emploi qui manquent de motivation… Mais bien les entreprises !
C’est en effet ce qu’avait démontré, il y a 6 mois, une étude de la Cellule de lutte contre les discriminations de la FGTB wallonne et du CEPAG. Après avoir analysé 2.639 offres d’emploi portant sur 14 fonctions critiques ou en pénurie, elle avait démontré un profond déséquilibre entre exigences des employeurs et conditions de travail proposées. Pour des emplois tant recherchés, les contreparties patronales n’étaient clairement pas au rendez-vous.
- 80% des offres d’emploi en boulangerie exigeaient de l’expérience, avec, à la clef, un contrat précaire dans 78 % des cas !
- 6 offres d’emploi de maçon sur 10 demandaient de l’expérience contre des contrats précaires dans 77 % des cas.
- 70 % des annonces d’aides-ménagères mentionnaient la possession d’un véhicule personnel… Pas évident quand on connaît les barèmes en vigueur dans ce secteur !
La FGTB wallonne avait donc, une fois de plus, insisté sur la nécessité d’améliorer les conditions de travail et d’attractivité des emplois. Une recommandation qui n’a clairement pas été entendue par les employeurs puisque les 14 métiers étudiés en 2021 se retrouvent aujourd’hui… dans la liste 2022 !
La FGTB wallonne rappelle enfin que la mission de l’enseignement est de former les élèves à la compréhension du monde, d’en faire des citoyennes et citoyens émancipés, critiques, ouverts et capables de s’insérer dans une collectivité… Pas d’adapter ses objectifs et programmes aux exigences des entreprises.
La problématique des pénuries mérite plus que des visions stéréotypées ou la politique du bâton tant prônée par la droite et le patronat. Les solutions sont toutes autres : amélioration des incitants, renforcement des conditions d’attractivité et insertion durable dans un emploi de qualité.